Publié le
24
octobre
2022
Portrait d'alumni : Laure Charton et Mylène Mengual
IMTAA vous propose de faire connaissance avec des anciens diplômés et leurs parcours professionnels avec un petit clin d'œil : le message qu'ils/elles souhaitent faire passer au réseau d'alumni et d'étudiants de l'école !
Mylène Mengual et Laure Charton
Promotion 2013 et Promotion 2014
"Les longs séjours à l’étranger favorisent une meilleure ouverture d’esprit et ça pousse plus loin dans la construction de soi-même".
Est-ce que vous pourriez présenter votre parcours à IMT Atlantique ?
Avez-vous partagé les bancs d’école au campus de Brest ? Avez-vous pratiqué conjointement des activités sportives? Etiez-vous investies dans le même club?
Mylène et Laure:
Ce serait plus rapide de parler de nos différences de parcours que des similitudes. Nous avons toutes les deux, à une promo d’écart, suivi la filière ISA (Ingénierie des Systèmes et des Affaires) et fait des stages dans les IHM (interface homme-machine): Mylène, après sa 3e année, au Canada, et Laure, pendant son année de césure, moitié en France, moitié en Australie. Quant aux clubs, les nombreuses heures passées aux Pompoms, à travailler sur la plaquette Alpha, à la préparation du Gala, ou tout simplement au foyer nous ont vite rapprochées.
Mais n’allez pas croire que nous passions tout notre temps ensemble !
Mylène :
J’étais très occupée avec le club théâtre, le Bureau des Arts et l’escalade.
Laure :
Et moi, je me consacrais au CdV (Coup de Vent - Journal de l’école), au S&L (Son et Lumière) et au volley
Comment avez-vous atterri en Suède ?
Mylène :
Jusqu’à ma 3e année, j’étais un peu indécise quant au domaine dans lequel je voulais travailler. Mon stage de césure était autour de l’encodage vidéo, un sujet qui m’a passionné, mais pas au point de me voir y dédier ma vie professionnelle. C’est lors du projet de 3A que j’ai eu ma révélation. Le sujet de recherche portait sur les émotions et l'utilisation de capteurs physiologiques pour mesurer la réponse corporelle, et ainsi établir une corrélation. Le projet n’a pas eu de résultat concluant mais j’avais trouvé ma vocation: le design d’interaction, qui mêle à la fois l’humain et la technologie. J’ai donc voulu poursuivre mes études dans ce domaine et sur les conseils de mon tuteur de projet, M. Coppin, j’ai recherché un master sur le sujet en Suède. Celui de Chalmers, à Göteborg correspondait en tous points et j’ai candidaté, après en avoir parlé à Laure, que je savais intéressée par le même sujet.
Laure :
En 2e année, j’ai fait un projet en collaboration avec l’école de Design de Nantes, ce qui m’a donné envie d’en savoir plus sur ces notions ergonomiques à ajouter à la technologie. Mylène m’a parlé du master en Suède, ce qui m’a tout de suite plu. J’ai mis à profit mon stage en Australie pour améliorer mon anglais et j’ai postulé pour commencer le master après ma 3A.
Les pays nordiques sont très tech-friendly et à la pointe de l’innovation et de la créativité. Si aujourd’hui le terme de Design UX est assez répandu en France, il ne l’était pas en 2013, alors que le master que nous avons suivi à Göteborg existait déjà depuis une dizaine d'années. Les sujets abordés constituaient une parfaite continuité avec l’enseignement de Télécom.
Et aujourd’hui, vous vous y êtes définitivement installées. Est ce que vous pouvez nous raconter ce que vous faites d’un point de vue professionnel ?
Design UX, design d’interaction, design de produit… Il y a plusieurs noms et tout autant de définitions pour notre métier. Disons simplement que le design UX contribue à rendre la technologie plus intuitive et plus attrayante en analysant les problèmes des utilisateurs pour bien identifier la source, puis en innovant et créant des solutions vraiment adaptées.
S’il y a une phase à ne pas négliger, c’est bien la phase d’investigation des besoins. Elle est cruciale car si le ou les problèmes utilisateur ne sont pas correctement identifiés, la solution aura beau être ingénieuse, elle n’en restera pas moins inutile. Il arrive souvent que les premiers besoins exprimés par l’utilisateur soient l’arbre qui cache la forêt. Il faut donc creuser au-delà et nous utilisons pour cela différentes méthodes : interviews, observation dans le contexte d’utilisation, benchmarking… Il est important de savoir rester ouvert d’esprit, car nos connaissances ne signifient pas que l’on en sait plus que les utilisateurs, et il nous arrive très souvent de faire des découvertes surprenantes.
La création et les tests utilisateurs sont bien entendu tout aussi importants. Selon les projets, ces phases peuvent être réitérées plusieurs fois pour peaufiner le produit.
Tout au long du processus, nous utilisons des outils tels que les user journeys, empathy maps, use case scenarios, wireframes, prototype plus ou moins fidèles qui tous nous aideront à communiquer avec les différents partenaires. Car le designer UX est bien souvent au cœur des discussions produits, stratégiques, et techniques. Nous sommes amenées à discuter avec les développeurs, les designers graphiques, mais aussi les business developer ...
Même si on associe très souvent design UX et développement web ou d’application mobiles, la diversité des industries ayant besoin de designers UX est bien plus large, ce qui en fait sa richesse. Laure travaille ainsi pour une entreprise spécialisée dans le paiement en ligne et Mylène dans l’automobile. Notre travail ne se limite pas aux interfaces, mais nous influençons aussi le back end.
L’un des enjeux majeurs d’un bon design UX est d’être invisible à l’utilisateur, de façon à ce que l’utilisation se fasse sans perturbations et que tout semble évident et intuitif. Mais arriver à créer cette évidence est bien plus complexe que cela ne paraît.
Parlez-nous de votre quotidien et de votre équilibre de vie (=Lagom en Suédois) à la Suédoise ?
Les suédois sont très respectueux de la vie privée. La vie n’est pas au travail, donc l’équilibre vie privée-vie pro est important pour eux. Et d’ailleurs, ils sont flexibles sur les horaires et le lieu de travail. Un jour, tu fais moins de 8h? Tu rattrapes un autre jour. Tu veux commencer à 6h du mat’? Personne ne s’attend à ce que tu sois là après 15h. Tu veux bosser chez toi? On s’arrange avec les membres de l’équipe pour savoir qui est au bureau quand. Tu te sens “under the weather”? (À Göteborg, il fait jour entre 9h30 et 15h30 seulement en plein hiver, avec un temps généralement maussade, ce qui peut avoir une influence sur le moral). Tu peux travailler de chez toi ou prendre un congé, c’est plus important si t’es en forme. Les relations avec les collègues reposent sur la confiance.
La hiérarchie dans les entreprises est en général plate. Le manager fait partie de l'équipe et on a des 1:1 très régulièrement pour gérer les problèmes très rapidement.
Même s’ils disent qu’il y a beaucoup de progrés à faire, les suédois sont bien plus en avance sur l’égalité homme-femme qu’en France. À noter également les congés parentaux généreux (480 jours à se partager entre les 2 parents) qui ont un énorme impact sur la société.
Auriez-vous une anecdote à nous raconter sur la vie professionnelle en Suède (un concept qui n’arriverait pas en France :)) ?
Mylène :
Pour appuyer ce qu’on a évoqué précédemment, on voit beaucoup plus d'hommes à landau ou poussette dans la rue. Il est aussi fréquent qu’un parent parte du boulot plus tôt pour aller chercher ses enfants à l’école. Ils rattrapent les heures perdues plus tard une fois les enfants couchés ou commencent plus tôt le matin.
Laure :
J’ai aussi eu un collègue qui a envoyé un message sur Slack (il était en télétravail) pour dire qu’il devait s’absenter plusieurs fois dans la journée pour vérifier que sa pâte à pizza levait correctement pour le dîner entre amis qu’il avait le soir même. Personne n’a rien dit. Encore une fois c’est normal d’avoir une vie en dehors du travail, et tant qu’on fait nos heures, tout va bien.
Restez-vous encore en contact avec des anciens de l’école ?
Que vous apporte le réseau Alumni ?
Le fait de ne pas être en France nous donne une relation un peu plus distante. On a un groupe Messenger avec des anciens de 3 promos avec qui on est plus proche. On essaie de se retrouver pour des anniversaires, Nouvel An ou autre, mais ce n’est pas si souvent.
Le réseau Alumni a organisé quelques évènements à Göteborg. Ça permet de rencontrer d'autres alumni, en particulier de Nantes, et de créer du lien avec d’autres générations d’Alumni.
On lit la Newsletter aussi pour connaître les infos importantes. Ça permet de suivre l’évolution de l’École, en particulier depuis la fusion.
Est-ce que vous auriez un message à faire passer à notre communauté des alumni ?
On n’apprend rien à ceux qui l’ont vécu, mais pour les autres on peut partager qu’un long séjour à l’étranger permet une meilleure ouverture d’esprit et de se remettre en question. Il y a tellement de choses qu’on considère acquises et donc on ne se rend pas compte qu’il y a d’autres manières de faire. On peut ensuite décider par nous-mêmes si notre manière de faire ou une alternative est la meilleure, et on en ressort étant une meilleure personne.
Il faut développer le réseau à l’étranger. On est beaucoup, mais on n’est pas vraiment en relation. On pourrait commencer par faire en sorte que nos coordonnées soient à jour sur le site Alumni.
Le partage d’expérience entre expats Alumni a une certaine valeur dans le contexte de l’étranger, et permet de recréer une certaine cohésion, sans doute plus qu’en France.
Promotion 2013 et Promotion 2014
"Les longs séjours à l’étranger favorisent une meilleure ouverture d’esprit et ça pousse plus loin dans la construction de soi-même".
Est-ce que vous pourriez présenter votre parcours à IMT Atlantique ?
Avez-vous partagé les bancs d’école au campus de Brest ? Avez-vous pratiqué conjointement des activités sportives? Etiez-vous investies dans le même club?
Mylène et Laure:
Ce serait plus rapide de parler de nos différences de parcours que des similitudes. Nous avons toutes les deux, à une promo d’écart, suivi la filière ISA (Ingénierie des Systèmes et des Affaires) et fait des stages dans les IHM (interface homme-machine): Mylène, après sa 3e année, au Canada, et Laure, pendant son année de césure, moitié en France, moitié en Australie. Quant aux clubs, les nombreuses heures passées aux Pompoms, à travailler sur la plaquette Alpha, à la préparation du Gala, ou tout simplement au foyer nous ont vite rapprochées.
Mais n’allez pas croire que nous passions tout notre temps ensemble !
Mylène :
J’étais très occupée avec le club théâtre, le Bureau des Arts et l’escalade.
Laure :
Et moi, je me consacrais au CdV (Coup de Vent - Journal de l’école), au S&L (Son et Lumière) et au volley
Comment avez-vous atterri en Suède ?
Mylène :
Jusqu’à ma 3e année, j’étais un peu indécise quant au domaine dans lequel je voulais travailler. Mon stage de césure était autour de l’encodage vidéo, un sujet qui m’a passionné, mais pas au point de me voir y dédier ma vie professionnelle. C’est lors du projet de 3A que j’ai eu ma révélation. Le sujet de recherche portait sur les émotions et l'utilisation de capteurs physiologiques pour mesurer la réponse corporelle, et ainsi établir une corrélation. Le projet n’a pas eu de résultat concluant mais j’avais trouvé ma vocation: le design d’interaction, qui mêle à la fois l’humain et la technologie. J’ai donc voulu poursuivre mes études dans ce domaine et sur les conseils de mon tuteur de projet, M. Coppin, j’ai recherché un master sur le sujet en Suède. Celui de Chalmers, à Göteborg correspondait en tous points et j’ai candidaté, après en avoir parlé à Laure, que je savais intéressée par le même sujet.
Laure :
En 2e année, j’ai fait un projet en collaboration avec l’école de Design de Nantes, ce qui m’a donné envie d’en savoir plus sur ces notions ergonomiques à ajouter à la technologie. Mylène m’a parlé du master en Suède, ce qui m’a tout de suite plu. J’ai mis à profit mon stage en Australie pour améliorer mon anglais et j’ai postulé pour commencer le master après ma 3A.
Les pays nordiques sont très tech-friendly et à la pointe de l’innovation et de la créativité. Si aujourd’hui le terme de Design UX est assez répandu en France, il ne l’était pas en 2013, alors que le master que nous avons suivi à Göteborg existait déjà depuis une dizaine d'années. Les sujets abordés constituaient une parfaite continuité avec l’enseignement de Télécom.
Et aujourd’hui, vous vous y êtes définitivement installées. Est ce que vous pouvez nous raconter ce que vous faites d’un point de vue professionnel ?
Design UX, design d’interaction, design de produit… Il y a plusieurs noms et tout autant de définitions pour notre métier. Disons simplement que le design UX contribue à rendre la technologie plus intuitive et plus attrayante en analysant les problèmes des utilisateurs pour bien identifier la source, puis en innovant et créant des solutions vraiment adaptées.
S’il y a une phase à ne pas négliger, c’est bien la phase d’investigation des besoins. Elle est cruciale car si le ou les problèmes utilisateur ne sont pas correctement identifiés, la solution aura beau être ingénieuse, elle n’en restera pas moins inutile. Il arrive souvent que les premiers besoins exprimés par l’utilisateur soient l’arbre qui cache la forêt. Il faut donc creuser au-delà et nous utilisons pour cela différentes méthodes : interviews, observation dans le contexte d’utilisation, benchmarking… Il est important de savoir rester ouvert d’esprit, car nos connaissances ne signifient pas que l’on en sait plus que les utilisateurs, et il nous arrive très souvent de faire des découvertes surprenantes.
La création et les tests utilisateurs sont bien entendu tout aussi importants. Selon les projets, ces phases peuvent être réitérées plusieurs fois pour peaufiner le produit.
Tout au long du processus, nous utilisons des outils tels que les user journeys, empathy maps, use case scenarios, wireframes, prototype plus ou moins fidèles qui tous nous aideront à communiquer avec les différents partenaires. Car le designer UX est bien souvent au cœur des discussions produits, stratégiques, et techniques. Nous sommes amenées à discuter avec les développeurs, les designers graphiques, mais aussi les business developer ...
Même si on associe très souvent design UX et développement web ou d’application mobiles, la diversité des industries ayant besoin de designers UX est bien plus large, ce qui en fait sa richesse. Laure travaille ainsi pour une entreprise spécialisée dans le paiement en ligne et Mylène dans l’automobile. Notre travail ne se limite pas aux interfaces, mais nous influençons aussi le back end.
L’un des enjeux majeurs d’un bon design UX est d’être invisible à l’utilisateur, de façon à ce que l’utilisation se fasse sans perturbations et que tout semble évident et intuitif. Mais arriver à créer cette évidence est bien plus complexe que cela ne paraît.
Parlez-nous de votre quotidien et de votre équilibre de vie (=Lagom en Suédois) à la Suédoise ?
Les suédois sont très respectueux de la vie privée. La vie n’est pas au travail, donc l’équilibre vie privée-vie pro est important pour eux. Et d’ailleurs, ils sont flexibles sur les horaires et le lieu de travail. Un jour, tu fais moins de 8h? Tu rattrapes un autre jour. Tu veux commencer à 6h du mat’? Personne ne s’attend à ce que tu sois là après 15h. Tu veux bosser chez toi? On s’arrange avec les membres de l’équipe pour savoir qui est au bureau quand. Tu te sens “under the weather”? (À Göteborg, il fait jour entre 9h30 et 15h30 seulement en plein hiver, avec un temps généralement maussade, ce qui peut avoir une influence sur le moral). Tu peux travailler de chez toi ou prendre un congé, c’est plus important si t’es en forme. Les relations avec les collègues reposent sur la confiance.
La hiérarchie dans les entreprises est en général plate. Le manager fait partie de l'équipe et on a des 1:1 très régulièrement pour gérer les problèmes très rapidement.
Même s’ils disent qu’il y a beaucoup de progrés à faire, les suédois sont bien plus en avance sur l’égalité homme-femme qu’en France. À noter également les congés parentaux généreux (480 jours à se partager entre les 2 parents) qui ont un énorme impact sur la société.
Auriez-vous une anecdote à nous raconter sur la vie professionnelle en Suède (un concept qui n’arriverait pas en France :)) ?
Mylène :
Pour appuyer ce qu’on a évoqué précédemment, on voit beaucoup plus d'hommes à landau ou poussette dans la rue. Il est aussi fréquent qu’un parent parte du boulot plus tôt pour aller chercher ses enfants à l’école. Ils rattrapent les heures perdues plus tard une fois les enfants couchés ou commencent plus tôt le matin.
Laure :
J’ai aussi eu un collègue qui a envoyé un message sur Slack (il était en télétravail) pour dire qu’il devait s’absenter plusieurs fois dans la journée pour vérifier que sa pâte à pizza levait correctement pour le dîner entre amis qu’il avait le soir même. Personne n’a rien dit. Encore une fois c’est normal d’avoir une vie en dehors du travail, et tant qu’on fait nos heures, tout va bien.
Restez-vous encore en contact avec des anciens de l’école ?
Que vous apporte le réseau Alumni ?
Le fait de ne pas être en France nous donne une relation un peu plus distante. On a un groupe Messenger avec des anciens de 3 promos avec qui on est plus proche. On essaie de se retrouver pour des anniversaires, Nouvel An ou autre, mais ce n’est pas si souvent.
Le réseau Alumni a organisé quelques évènements à Göteborg. Ça permet de rencontrer d'autres alumni, en particulier de Nantes, et de créer du lien avec d’autres générations d’Alumni.
On lit la Newsletter aussi pour connaître les infos importantes. Ça permet de suivre l’évolution de l’École, en particulier depuis la fusion.
Est-ce que vous auriez un message à faire passer à notre communauté des alumni ?
On n’apprend rien à ceux qui l’ont vécu, mais pour les autres on peut partager qu’un long séjour à l’étranger permet une meilleure ouverture d’esprit et de se remettre en question. Il y a tellement de choses qu’on considère acquises et donc on ne se rend pas compte qu’il y a d’autres manières de faire. On peut ensuite décider par nous-mêmes si notre manière de faire ou une alternative est la meilleure, et on en ressort étant une meilleure personne.
Il faut développer le réseau à l’étranger. On est beaucoup, mais on n’est pas vraiment en relation. On pourrait commencer par faire en sorte que nos coordonnées soient à jour sur le site Alumni.
Le partage d’expérience entre expats Alumni a une certaine valeur dans le contexte de l’étranger, et permet de recréer une certaine cohésion, sans doute plus qu’en France.